TEHILIM (BANDE ANNONCE VOST 2007) de Raphaël NADJARI
TEHILIM
Film dramatique france, américain, israel de Raphaël NADJARI (APARTMENT #5C)
avec Michael MOSHONOV - Limor GOLDSTEIN - Yonathan AISTER


L'HISTOIRE : A Jérusalem,
aujourd'hui, une petite famille juive mène une existence ordinaire. Mais à la suite d'un accident de voiture, le père disparaît mystérieusement. Chacun tente de faire face comme il peut à cette
absence, aux difficultés du quotidien. Alors que les adultes se réfugient dans le silence ou la foi, les deux enfants, Menachem et David, essaient, à leur manière, de retrouver leur
père...
A PROPOS DU TITRE TEHILIM
: Tehilim, Les psaumes, ce sont les poésies, les chansons, les enseignements, les méditations attribués au Roi David. C'est la pièce centrale de la liturgie judaïque. Les
Tehilim sont censés accompagner les Juifs tous les jours de leur vie, en toute occasion, mariage, naissance, joie, tristesse, peine, désarroi. C'est un texte pour les humbles et pour les
puissants, l'histoire d'un combat humain, complexe et terrible, une forme de rédemption exemplaire que l'on est censé lire et questionner comme une inspiration, un espoir, une
référence.
ENTRETIEN AVEC RAPHAEL
NADJARI
Tehilim marque une
nouvelle étape dans votre travail. Le film raconte la disparition inexpliquée d'un père qui laisse sa famille faire face à elle-même. Pourquoi avoir choisi cette histoire
? Je cherchais une histoire simple et intime pour
parler des sujets les plus complexes. Un monde bouleversé par la disparition d'un homme qui exige une réinvention de chacune des personnes qui l'ont connu. J'ai cherché au travers du réel et du
quotidien d'une famille à raconter l'insurmontable, la disparition de ceux qu'on aime. Comme si quelque chose de Dieu lui-même nous avait abandonné, dévoilé notre vulnérabilité, provoqué le
début d'un questionnement. Pour le retrouver.
Votre cinéma est
constamment en déplacement. Vous avez très peu tourné en France, beaucoup à New York, maintenant en Israël. Quel est le moteur de cette identité cosmopolite
? Chacun de ces films est une rencontre avec une communauté, avec une expérience différente. Dans mes films New Yorkais,
The Shade, I
am Josh Polonski's Brother, j'ai travaillé sur des familles juives d'Europe de l'Est, puis
dans Appartement #5c sur des expatriés israéliens
aux États- Unis. Avanim, mon
premier film israélien, est centré sur des Juifs moyen-orientaux, et Tehilim sur une communauté ashkénaze, plus européenne. Au delà d'une thématique récurrente, je cherche l'universel au
travers du particulier, un mouvement de vie au delà des identités. Je ne fais pas une étude sociologique, je cherche à comprendre spontanément la dimension composite et dialectique du judaïsme,
au-delà de ses appartenances communautaires. Je cherche à comprendre une
humanité, et les possibilités qu'elle nous donne à découvrir, sa beauté, sa richesse mais aussi ses tabous, ses errements et sa tristesse, son univers sensible et sa place dans le
monde.
Tehilim est votre second film israélien. Quest-ce qui vous a donné envie de continuer à tourner en
Israël ? On filme une histoire, et c'est un récit qui nous fait habiter des lieux.
L'histoire raconte la vie d'une famille juive dans la Jérusalem d'aujourd'hui. Si on regarde cela d'un point de vue de la continuité d'un travail, les films que nous avons fait traversent le
monde juif, et Israël est une étape incontournable de ce monde-là. Dans Tehilim, je ne mintéresse pas seulement à l'origine ethnique de mes personnages, mais aussi au
type de judaïsme quils pratiquent : celui de l'orthodoxie moderne dIsraël qui oscille entre une tradition puissante et son inscription dans le monde
moderne.
Avanim a été tourné à Tel-Aviv, une ville plate, côtière, le centre
économique dIsraël, alors que Tehilim se déroule à Jérusalem, une ville montagneuse, le centre historique et religieux du pays. Comment avez-vous abordé ce changement ? A Tel-Aviv, on cherche à vivre le
moment présent alors que l'inscription architecturale dans la montagne de Jérusalem cherche s y m b o l i q u e m e n t l'éternité. A Tel-Aviv, les problématiques sont modernes, alors que
Jérusalem pose des questions plus intemporelles. Ce balancement entre les lieux est une topographie d'Israël aujourd'hui : un équilibre fragile. Je voulais voir Jérusalem comme un lieu intime,
pas seulement comme un lieu de grandeur et de tourment. Et cest dans lunivers familial que jai essayé de retrouver le sens de la fraternité de cette ville...
Tehilim a été tourné dans la rue Hapalmakh, dans un environnement
religieux spécifique. Pourquoi avoir choisi ce quartier ? Dans l'histoire
de la Jérusalem moderne, Hapalmach n'était pas à lorigine un quartier très religieux, mais plutôt le lieu de l'élite universitaire de Jérusalem. Cette rue a été pendant des années un lieu de
mélange entre laïcs et religieux. Cependant, depuis quelques années, le quartier est devenu de plus en plus orthodoxe. En termes identitaires, ce fut lune de mes découvertes les plus
frappantes, car je me souvenais de la Jérusalem bigarrée où jétais venu tant de fois, aujourdhui entièrement modifiée. Avec les régisseurs, Meir Tetset, Tom Ashouah et mon assistant, Frédéric
Lefevbre, nous avons visité des dizaines de quartiers dans lidée de trouver un lieu intermédiaire, un « entre-lieu » dans la partie juive de la ville. Je cherchais donc à raconter lhistoire
de Juifs « intermédiaires », ceux qui font le lien entre différents modes de vie. Ce quartier était le plus proche de lenvironnement de mes personnages, inscrits à la fois dans la tradition et
dans la modernité.
Vos acteurs sont tous remarquables. Certains sont des « non
professionnels » dont les enfants qui incarnent les deux frères au centre du film. Comment les avezvous choisis ? Je les ai rencontrés grâce à Amit
Berlowitz, ma directrice de casting. Nous avons rencontré plusieurs enfants, et même les frères dune vraie famille. Les acteurs que nous avons finalement choisis ne sont pas dune même
fratrie. Ce qui les rend si touchants c'est leur magnifique capacité à sentir, à être à lécoute des autres acteurs, à reformer une vraie famille, avec un lien organique imaginaire. Il y a en
Israël des acteurs extraordinaires. Je tiens à citer tous mes interprètes, et pas seulement les enfants : Michael Moshonov, Yonathan Alster, Limor Goldstein, Yohav Hait ou encore Ilan Dar et
Reout Lev
Ils ont tous été d'un courage impressionnant et d'une générosité que nous avons partagés en équipe. Il faut savoir que leurs
expériences respectives sont totalement différentes : certains sont des gens de théâtre, d'autres de cinéma, pour quelques-uns cétait une première expérience en tant quacteurs. Nous avons
fait ce film comme un petit conte du quotidien, nous le vivions chaque jour comme tel... Dans cette famille recomposée au coeur du film, avec le père, la mère, les deux enfants, le grand-père
et loncle, il fallait que tous se ressemblent, que quelque chose les unisse, mais, en même temps, que chacun garde des positions spécifiques et
contradictoires.
Le film était une sorte de laboratoire, un «work in progress » où
limprovisation a joué un rôle essentiel. Pourriez-vous parler de votre méthode de travail ?Avec Vincent Poymiro, mon coscénariste, nous avons travaillé pendant trois ans à écrire une histoire-cadre. Nous avons élaboré des dizaines de versions qui
m'ont donné une certaine maîtrise des principaux motifs du film. Ensuite, à cause de problèmes de logistique et en accord avec mes producteurs, j'ai remanié ce matériel, passant nuit après nuit
avec mon assistant (y compris pendant le tournage) à revisiter chacun de ces motifs avant de les soumettre aux acteurs. Avec Sean Foley, le monteur, nous travaillions en parallèle pour évaluer
les directions du film au fur et à mesure de sa réalisation. Cette écriture « en train de se faire », qui s'est achevée en fait seulement au moment du montage son, a donné au matériel
scénaristique une dimension ouverte et fragile. Lorsque nous avons enregistré à Tel Aviv la musique de Nathaniel Mechaly, nous avons « découvert » le film, toutes ses couches narratives, son
véritable sens. Lorsque les acteurs entraient sur le plateau, ils n'arrivaient pas toujours à accepter que tout change en permanence. Nous nous sommes laissés emporter par chaque scène, dans
une vraie relation au récit, créant un matériel composite, comme une pensée qui se recompose, une pensée en mouvement.
(BANDE ANNONCE VOST 2007)
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