4 mois, 3 semaines, 2 jours (BANDE ANNONCE VOST 2007) (4 luni, 3 saptamini si 2 zile)
PALME D'OR FESTIVAL DE CANNES 2007
4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS
de Cristian MUNGIU
avec Anamaria MARINCA - Laura VASILIU - Vlad IVANOV
note du réalisateur
4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS est avant tout une histoire de choix personnels. Cest aussi une histoire sur les conséquences subtiles et souvent invisibles de lendoctrinement. Elle parle damitié, de responsabilité et damour. Mais cest principalement une histoire sur lavortement, à une époque où cela était considéré comme un acte de liberté et de protestation contre le régime communiste qui interdisait lavortement afin daugmenter la main doeuvre disciplinée.
Je men souviens très clairement, javais vingt ans : lavortement nétait pas un problème moral - le plus gros souci était que lon pouvait se faire prendre. Il arrivait souvent que les femmes meurent au cours de lopération mais nous y pensions le moins possible.
Nous étions si jeunes.
lhistoire
Lhistoire est née dune expérience tellement personnelle quon ne la partage généralement pas avec les autres. Quelque chose dinattendu sest passé lorsque je lai racontée à certaines personnes : après lavoir entendue, il sest avéré quils avaient tous vécu une expérience similaire. Je fus quelque peu surpris de découvrir à quel point ces histoires étaient variées, dissimulées, parfois horribles. Je ne les ai pas utilisées dans le film, je men suis tenu à celle que je connaissais le mieux, mais elles mont aidé à comprendre létendue du phénomène.
le scénario
Jai écrit la première version en juillet dernier. Elle était plus longue que la version finale. Elle incluait notamment la visite du père de Gabita, la seule scène qui fut tournée puis coupée au montage. Jai décidé de sacrifier une scène importante - avec de nombreux sous-entendus sur linfluence de léducation parentale sur le chemin que les personnages choisissent - en faveur dune certaine cohérence narrative. Ainsi, Otilia simpose delle - même comme le personnage principal. Jai poursuivi la réécriture pendant le tournage, en particulier les dialogues. Je réécris toujours une scène une fois que je connais le lieu de tournage et je lis les dialogues avec les acteurs. Jessaie sans cesse dinsuffler de la substance au film, comme pour les scènes avec M. Bébé puis, dans la dernière partie, je laisse libre cours au thriller.
le contexte historique
En 1966, une loi interdisant lavortement est instaurée en Roumanie. Leffet fut immédiat : dès 1970, il y avait quatre nouvelles générations denfants, des générations plus nombreuses que celles davant 1966. Le nombre denfants dans une classe est passé de 28 à 36, et le nombre de classes dans les écoles est passé de 2 à 10. Quand je suis entré à lécole, nous étions sept Cristian dans la classe - même les prénoms nétaient plus suffisants pour tous les enfants. Rapidement, les femmes commencèrent à avoir recours aux avortements illégaux. Avec la fin du communisme, les sources faisaient part de plus de 500 000 femmes mortes à cause de cela. Dans ce contexte, lavortement perdit toute connotation morale, et fut plutôt perçu comme un acte de rébellion et de résistance contre le régime. Après 1989, une fois le régime communiste tombé, lune des premières mesures prises dans le pays fut le rétablissement de la légalité de lavortement. Pendant des années, près dun million davortements par an ont été pratiqués, ce qui représentait le chiffre le plus élevé en Europe. Aujourdhui, lavortement est encore utilisé comme un moyen de contraception - plus de 300 000 cas sont recensés chaque année.
les références
Jai essayé de faire un film sur mes personnages et mon histoire, pas sur la période. Je voulais que la période ne soit que le contexte et non pas le sujet du film. Jai essayé de respecter et de re-créer la réalité autant que possible sans pour autant me focaliser sur les stéréotypes et les repères de la fin de lère communiste. Les objets de cette époque sont tous là, dans le film, mais en arrière-plan : le bus qui passe en pétaradant, la Lastun, voiture roumaine qui ressemblait à un fer à repasser, les coffres de pacotille, les murs recouverts de livres. Les habitudes sont là aussi : le paquet de Kent était bien plus important que largent avec lequel on le payait, on ne pouvait rien résoudre sans cela.
(BANDE ANNONCE VOST 2007)