AMERICAN VERTIGO (BANDE ANNONCE VOST 2007) de Michko NETCHAK
AMERICAN VERTIGO
Documentaire de Michko NETCHAK
Texte : Bernard-Henri LEVY
Narration : Jean-Pierre KALFON
NOTE DINTENTION DU RÉALISATEUR
Michko Netchak
Qu "American Vertigo"; soit à la fois un livre et un film nest pas un hasard. Leur genèse est si imbriquée, que lachèvement du film ne pouvait dépendre que de celui du livre.
Cependant, avant même dêtre un livre, ce qui allait devenir American Vertigo était un projet éditorial du mensuel américain "Atlantic Monthly". Tous les 50 ans, cette vénérable revue de Boston invite un philosophe à traverser les Etats- Unis et traduire son expérience dans un texte ultérieurement publié dans la revue. Leur choix sest porté cette fois sur Bernard-Henri Lévy. Outre ses mérites personnels, il correspondait au profil recherché : européen mais pas anti-américain, bon connaisseur du pays mais capable dun regard critique, ni journaliste ni philosophe illisible. La notoriété de son ouvrage sur Daniel Pearl aura fait le reste. Son voyage a ainsi été facilité par la rédaction, les rendez-vous, les déplacements et lhébergement gérés par leurs soins. Une fois les problèmes de logistique réglés, le regard de lauteur pouvait sexercer librement.
En revanche, si le livre a pour départ linitiative d"Atlantic Monthly", le film vient dune intuition de Bernard-Henri Lévy lui-même.
De tout temps concerné par le cinéma, il a soupçonné quun film documentaire pourrait être tenté, parallèlement à son propre périple à travers cet immense pays. Pour ce faire, il ma impliqué dans laventure. Les premiers résultats, dès le début du voyage, lont convaincu de lintérêt de ce projet cinématographique parallèle et ma caméra la ainsi accompagné, à distance raisonnable cependant pour que le matériau filmique illustre son cheminement sans redondance. Pendant que le texte de Bernard-Henri Lévy sortait dans Atlantic Monthly (publié en 6 épisodes en 2005) et se construisait sous la forme dun livre, le matériau filmique attendait pour prendre sa forme propre. American Vertigo (le film) reprend en effet lorganisation en chapitre du livre et en intègre des citations en voix off. Mais peut-être plus significativement encore, il restitue sa forme de diary, sorte de journal écrit au gré des rencontres et des impressions de voyage. Il était donc nécessaire que le projet littéraire soit achevé pour que commence le travail sur le film.
Pour ma part, je connaissais bien moins les Etats-Unis que Bernard-Henri Lévy, mais je nétais pas plus anti-américain que lui.
Fasciné par le pays mais pas excessivement, pas assez en tout cas pour ne pas garder loeil ouvert et lucide sur ce que je voyais. Techniquement aussi, javais des atouts : ma capacité à conjuguer le tournage (en équipe légère, non intrusive, sans pourtant sacrifier la qualité de limage à lurgence des événements), mais aussi le montage ultérieur, de manière à donner au film la cohérence dun regard dauteur.
Outre les rushes bien sûr, jai beaucoup rapporté de cette aventure.
Dabord le souvenir dun Bernard-Henri Lévy différent de celui que la plupart des gens croit connaître. Aussi à laise dans un quatre étoiles que dans une gargote à lhygiène plus que douteuse. En chemise blanche mais sans peur de la salir. Mais je garde aussi le souvenir dune présence très forte face à des personnalités de tous horizons, spécialement dans les milieux intellectuels. Quil rencontre Norman Mailer (dont il est lami) ou un auteur hyper conservateur dont il ne partage aucune des théories, il sait toujours allier politesse et provocation, concilier les bonnes relations avec le mordant nécessaire pour faire accoucher son interlocuteur de ce quil pense vraiment.
Ensuite, plus abstraitement, le sentiment dune sorte de balkanisation progressive des Etats-Unis
. Les communautés mont paru de moins en moins perméables les unes aux autres. Les riches entre eux, les pauvres entre eux, chaque communauté de plus en plus repliée sur elle-même. Ce sentiment me marque dautant plus que limage des Etats-Unis comme laboratoire du monde me semble toujours dactualité. Bientôt, nous pourrons (peut-être le pouvons-nous déjà) constater en Europe cette imperméabilité croissante des communautés entre elles. En revanche, les Américains font des expériences, certaines riches despoir, dautres plus discutables, et cest ce qui rend ma vision de ce pays positive malgré tout. Le laboratoire est en activité constante, dans tous les coins du pays, on innove, on expérimente, et jamais notre regard ne peut se figer dans une vision univoque. Ainsi, si certains maux américains peuvent nous alarmer, leurs expériences peuvent non seulement nous aider à les comprendre, mais aussi nous enrichir et nous aider à préparer lavenir.
(BANDE ANNONCE 2007)