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FRAGILE(S) (BANDE ANNONCE 2006) avec Jean-Pierre Darroussin, François Berléand

Publié le par ERIC-C

FRAGILE(S)

Comédie dramatique française de Martin VALENTE

avec Jean-Pierre DARROUSSIN - François BERLEAND - Caroline CELLIER - Jacques GAMBLIN - Marie GILLAIN

Bac Films

 

L'HISTOIRE : Il y a des jours où le destin entrecroise les vies, où les solitudes s'animent sous l'effet du hasard, où un événement bouleverse le cours de plusieurs vies. Six personnages, vont se croiser, se réunir, s'abandonner, se retrouver alors que rien ne les prédisposait à se rencontrer. Un lien existe pourtant entre eux. Et le destin va se charger de le leur rappeler :
Sara qui vient de perdre son emploi, est entraînée par sa copine Isa en week-end au Portugal.
Paul dont le dernier film est un échec retentissant, se rend, contre son gré, à un festival à Lisbonne.
Yves, pharmacien, a fait le vide autour de lui. Mais ce matin un chien en a décidé autrement...
Musicienne, Nina profite d'une tournée pour enfin aller voir son fils de 7 ans qu'elle n'a pas vu depuis des mois...
Voilà des semaines que Vince, inspecteur de police, vient chaque jour à l'hôpital, jouer de la guitare... Et toujours aussi mal.
Hélène ne supporte pas l'idée d'être grand-mère, encore moins lorsqu'on lui demande de garder Ross, son petit-fils...

François Berléand et Sara Martins. Bac FilmsMarie Gillain. Bac FilmsCaroline Cellier et Jacques Gamblin. Bac FilmsJacques Gamblin et Caroline Cellier. Bac FilmsMarie Gillain. Bac FilmsMarie Gillain et Jean-Pierre Darroussin. Bac Films

ENTRETIEN

(Martin Valente)

D’'où vous est venue l'idée d’écrire FRAGILE(S) ?

FRAGILE(S) est né d’un flottement, celui que j’ai ressenti après la sortie de mon premier film LES AMATEURS. J’'avais tellement attendu ce moment qu’immédiatement après j’'ai été un peu déphasé. Je pense que tout le monde a dû éprouver au moins une fois dans sa vie cette sensation-là, ces instants où l’on se sent seul au coeur du monde. J’'ai donc décidé d’en faire le sujet de mon deuxième film.

De quelle manière ?

J’'avais envie de filmer plusieurs personnages aux caractères, sexes et âges évidemment différents, mais qui avaient tous un point commun : celui d’être dans cet état de fragilité psychologique, un état qui peut être plus ou moins grave. Celui de gens qui ne peuvent plus faire face à ce que la société nous demande aujourd’hui, c’est-à-dire avoir toujours à tout prouver en permanence au monde entier, à sa famille ou à soi-même, montrer que l’on est capable d’être à la hauteur. Or la vie ne peut pas se résumer à ça.

Pourquoi avoir choisi de suivre les destins de plusieurs personnages, et non pas celui d’un personnage principal ?

J’'aime cette richesse-là, ce côté foisonnant qui permet au spectateur de prendre et de rejeter ce qu’il veut, et qui lui permet enfin de s'’identifier au personnage de son choix.

En tant qu'’auteur, cela me permet aussi d’'aborder un même thème mais sous différents prismes, de montrer plusieurs points de vue sur un même sujet. J’avais par ailleurs envie d'’avoir des voix féminines, de faire parler des femmes, ce qui était un véritable défi pour moi, je ne savais pas si j’y arriverais.

Vous-même, vous êtes-vous identifié en particulier à un de vos personnages ?

Pas vraiment. Ce qui est troublant, c’est que, pendant l’'écriture du scénario, j’étais plus proche de certains d’entre eux alors que, sur le tournage, je me suis reconnu dans d'’autres. Donc je crois que forcément vous mettez de vous un peu partout quand vous travaillez sur ce type d’'histoires.

Était-il important de montrer différentes générations de personnages ?

Oui, cela permet d'’introduire la complexité et l’ambiguïté de la vie, comme, par exemple, celle des couples d’'âges différents, une femme qui vit une histoire avec quelqu'’un de

plus jeune. Ou l’'inverse.

Une autre chose m'’intéressait aussi, c'’était de développer cette idée que ce ne sont pas toujours les personnes auxquelles on pense qui nous aideront dans notre vie. Ce sont parfois des personnes qu’on ne soupçonnait pas forcément capables de ça qui, tout à coup, vont nous permettre de déclencher un processus pour sortir de nos problèmes. Dans mon film, par exemple, le personnage de Nina, interprété par Marie Gillain, va partir de chez Yves, interprété par Jean-Pierre Darroussin, sans savoir ce qu’elle a pu lui apporter. Et de la même manière, Yves reste persuadé qu’il a essayé d’aider Nina, mais que cela a été un échec total, ce qui n’est pas tout à fait le cas. J’aime cette idée, que, ce que l’on retire des gens, c’est parfois à leur insu, sans qu’ils le sachent. C’est bien que tout ne soit pas conscient. Exactement comme dans la vie où les choses ne sont jamais totalement claires ni tranchées.

Il y a aussi un travail sur la coïncidence...

J’'aime bien le principe des coïncidences. Tout dépend toujours de la manière dont on regarde la vie. La vie est plutôt rigolote, elle est même étonnante. On a beau prévoir ou planifier notre existence, il nous arrive toujours quelque chose d’autre qui interfère dans notre vie, quelque chose qui peut être parfois de l’ordre de la coïncidence ou de l’absurde.

Très précisément, et au-delà de tout ce qui est coïncidence, j’'avais envie qu’il y ait dans chacune des histoires un fait, un élément tangible et révélateur de l’'identité et de la problématique du moment de chaque personnage. Dans la première histoire, par exemple, c’est un sac-poubelle dont Paul, François Berléand, ne parvient pas à se débarrasser. À un moment donné, il dit même que c’est l'’histoire de sa vie. Tous les ennuis qu’il a pu accumuler en lui et qui lui pèsent à ce moment-là sont symbolisés par ce sac-poubelle. Dans la deuxième histoire, c’'est un chien jaune qui se prend d’affection pour un des héros. Et ce qui est intéressant avec un chien, c’'est que ça ne demande rien. Si un chien a décidé de vous aimer, il vous aime. Or, il se trouve que le personnage refuse cela, c'’est un être qui a décidé de vivre a minima, de se préserver de tout, y compris de la moindre émotion. L’'irruption de ce chien dans sa vie, de cet animal qui a besoin de lui, qui lui exprime toute sa gratitude, vient le perturber. Dans la troisième histoire, l’élément révélateur est un bébé. Lui non plus n’a rien demandé, il est là dans les bras de sa grand-mère qui a déjà tellement eu de mal à être mère... Tous ces éléments servent de révélateurs et deviennent salvateurs pour mes personnages, et parfois sans qu’ils en soient conscients.

Enfin, je voulais établir dans chacune de mes trois histoires une sorte de parallélisme de la maladresse. C’est pour cette raison que tous mes personnages se cassent physiquement la gueule à un moment donné. Quand on se sent tout à coup en désaccord, en disharmonie

avec le monde, on le sent très fortement, et souvent cela s’accompagne physiquement.

La musique est aussi un personnage à part entière. Comment avez-vous travaillé cet aspect du film ?

Je travaille la musique dès l’'écriture du scénario. Je collecte d'’abord de nombreux morceaux musicaux que j'’aime, qui vont m'’inspirer, et que je vais écouter en boucle. Après je fais un tri. Enfin, au montage, je ne conserve que les musiques qui ont totalement « collé » aux scènes. Ce ne sont pas des musiques qui accompagnent l’action, mais qui se fondent dans l’action. C'’est pour cette raison que je préfère travailler en amont, dès l’'écriture, avec des musiques. Mais cela ne veut pas dire que je n’'utilise que des morceaux existants. Il y a aussi des musiques originales signées Denis Mériaux qui a composé pendant que j’'écrivais d’'après des idées que je lui transmettais, sans lire pour autant ce que j'’écrivais. Cette base musicale très importante a été par la suite enrichie par quelques morceaux supplémentaires après le tournage et même jusqu’au montage image.

Qu'elle a été la difficulté principale que vous avez rencontrée lors de la réalisation de FRAGILE(S) ?

De différencier les trois histoires principales. Comment distinguer les histoires entre elles ? Est-ce que ça doit passer par le cadre ? Par la lumière ? Mais, finalement, naturellement et heureusement, je me suis très vite rendu compte que mes trois histoires étaient tellement différentes qu’elles imposaient une lumière particulière de par la nature même de leurs contextes. Ma première histoire se déroule au Portugal, où tout était lumineux, car en extérieur, avec une foule nombreuse. La deuxième histoire, c’'était un huis clos dans un appartement, la nuit, avec deux personnages qui ont du mal à sortir ce qu’ils ont en eux, donc il fallait une lumière beaucoup plus tamisée, plus contrastée, un « ombre et lumière ». La troisième histoire, qui se passe la plupart du temps dans un hôpital, nécessitait une lumière plus blanche mais extrêmement naturelle.

Qu’est-ce que ce film vous a appris ?

Qu’il était très agréable de tourner à l’étranger. On est dans une bulle, pris par son film, entouré de gens qui parlent une autre langue. On se laisse porter. J'’ai tourné dans un pays que je connaissais quand même puisqu’une partie de ma famille est d’origine portugaise. Cela évoquait donc des souvenirs personnels, j’étais fier de ça. Cela allait totalement dans le sens de l’histoire impressionniste qu’est pour moi FRAGILE(S).

À quel genre appartient FRAGILE(S) ?

C'’est une comédie dramatique. Surtout pas un drame. Je pense que mon film est d’'ailleurs fondamentalement optimiste. J’'aimerais que les gens sortent des salles en disant : « c’est vrai, on a tous nos problèmes, mais faisons avec, et essayons de nous en sortir au mieux ».

LES PERSONNAGES (Vus par leur réalisateur)

PAUL (FRANCOIS BERLEAND) J’'avais envie de voir François Berléand faire le mort dans une piscine. Quand on l’'observe bien, François a le regard étonné de Paul, cette impression de ne jamais se trouver à l’'endroit où il faut. Cette impression que même un bouchon de baignoire peut lui résister. Depuis mon premier film, je voulais voir François dans un rôle de doux mélancolique un peu perdu. François se coule dans le personnage de Paul tout en retenue. Il donne à son personnage des allures de gamin perdu à Lisbonne. J’'aime également la manière douce dont il drague Sara, sans trop y croire... Mais tout de même, qui sait....

HELENE (CAROLINE CELLIER) Caroline Cellier a su apporter à Hélène cette démarche incertaine, hésitante et maladroite. Hélène, plantée sur ses talons à semelle compensée, manque de se casser la figure à tout moment. Elle se cache derrière sa frange de cheveux comme pour disparaître aux yeux des autres. Hélène est dans le ressentiment, centrée sur elle-même. Car Hélène ne supporte pas sa condition nouvelle de grand-mère. La seule personne à qui elle se confie reste le seul qui ne peut pas lui répondre : Ross, son petit-fils de 10 mois...

YVES (JEAN-PIERRE DARROUSSIN) Yves se fait adopter par un grand chien jaune dont il n’'arrive pas à se débarrasser. Le personnage d'’Yves a un côté minéral, tout glisse sur lui. Il ne veut plus ressentir d’'émotion, il cherche à se mettre en dehors de la vie. Il y a une similitude de rythme entre Jean-Pierre Darroussin et le chien jaune. La même lenteur, les épaules baissées pour Jean-Pierre, l’'échine courbée pour le chien jaune, les mêmes pas. Je ne sais plus très bien qui cherche à ressembler à l’'autre... Jean-Pierre a tout de suite su trouver la bonne économie de gestes du personnage pour donner cette impression qu’'Yves se fond dans le décor... 

VINCE (JACQUES GAMBILN) Vince s’'est lancé dans l’'apprentissage de la guitare pour partager quelque chose avec sa femme bloquée sur son lit d’'hôpital mais il n'’arrive plus à sortir une note, Vince en est maintenant tout à fait incapable. Tout le monde lui demande des nouvelles de sa femme comme si lui-même n’'existait pas. Ce qui a le don de l’'exaspérer. Jacques Gamblin a fait de Vince un personnage qui se contient sans arrêt. Au bord de l’'implosion. Jacques est à part. Il a en lui une petite musique douce, une diction, une poésie qui transforment les phrases les plus banales pour leur donner une consistance inattendue qui alimente toujours le sens du récit. 

NINA (MARIE GILLAIN) Le problème de Nina est celui de l’addiction. Nina se drogue, n’'a plus la garde de son fils, vient de perdre son boulot mais c’'est elle qui secourt Yves. Parce qu’'elle fait partie de cette catégorie de gens qui, même dans la détresse, ont davantage besoin d’'aider que d’'être aidés. Pour montrer qu’'ils en sont capables, donc qu'’ils existent. Marie Gillain respire la vie, elle a une vitalité incroyable et c’est ce qui m’a convaincu de lui proposer le rôle de Nina. Marie a un sens rare de la rupture dans le jeu, elle fait passer ses personnages d’'une émotion à une autre en un battement de paupières. C’est ce que je recherchais pour Nina, toujours sur le fil du rasoir. Toujours entre deux états. Toujours dans le déni.

(Musique)

"YOU KNOW HOW I FEEL"

Interprété par Ginger Ale

(A. David Guillou/S. Bertrand)

© 2006 Crazy Car Driver

"OUT OF THE BLUE"

Interprété par Ginger Ale

(A. David Guillou/S. Bertrand)

© 2005 Emi Music Publishing France

2006 Crazy Car Driver

avec l’autorisation de Emi Music Publishing France

avec l’aimable autorisation de Universal Music Projets Spéciaux

"THIS IS JUST A MODERN ROCK SONG"

Interprété par Belle and Sebastian

(Geddes/Colburn/Murdoch/Martin/Gabriel/Campbell/Jackson)

1998 Jeepster

© Sony/ATV Music Publishing

"THE DRESS"

Interprété par Ginger Ale

(A. David Guillou/S. Bertrand)

© 2006 Crazy Car Driver

"THESE ARMS"

Interprété par Matt Costa

© 2002 Matt Costa / Thrista

2005 Venerable Media, under licence from Brushfire Records Inc.

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(BANDE ANNONCE 2006)


 

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