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EL CAMINO DE SAN DIEGO avec Ignacio BENITEZ - Carlos WAGNER LA BELLA - Paola ROTELA

Publié le

EL CAMINO DE SAN DIEGO

de Carlo SORIN

avec Ignacio BENITEZ - Carlos WAGNER LA BELLA - Paola ROTELA - Silvina FONTELLES

Guacamole Films

L'HISTOIRE :

Tati Benitez, fan inconditionnel du footballeur Diego Maradona, vit avec sa famille au coeur de la forêt de Misiones, dans le nord-est de l'Argentine. Malgré sa situation très précaire et ses quatre enfants à nourrir, sa bonne humeur est inaltérable. Cet optimisme, Tati le doit en partie à la racine d'arbre, qu'il a trouvée dans la forêt et qui ressemble à la silhouette de son idole.
Un jour, il apprend que Maradona est en soins intensifs à Buenos Aires suite à un incident cardiaque. Tandis que la nation toute entière prie pour Diego, Tati décide d'aller lui remettre la racine à son effigie en mains propres. Sur la route, il fait la connaissance de Warguinho, un transporteur de volailles brésilien. Commence alors un périple riche en surprises et en rencontres...

Ignacio Benitez. Guacamole Films

 

NOTES DU REALISATEUR

Durant l'hiver 1952, lors de l'agonie d'Eva Perón à Buenos Aires, il y eut de nombreuses manifestations de ferveur populaire. Certains ont accompli des prouesses, comme des jeûnes interminables, des records de travail ininterrompu, des marathons de danse ; des records du monde ont été battus : vols en planeurs, marches à reculons, portées de sacs, etc. Des gens ordinaires voulaient agir pour aider à sauver Evita et, d'une certaine façon, se rapprocher de sa grandeur et, ainsi, de l'éternité. Séduit par ces histoires, j'avais commencé il y a quelques années à travailler sur l'une d'entre elles. C'était l'histoire de deux bûcherons qui avaient décidé de faire le chemin à pied jusqu'à Buenos Aires, portant sur leur dos un tronc de timbó, arbre typique de la forêt de la région de Misiones. Ils étaient convaincus d'aider ainsi à la guérison de leur protectrice. D'un côté, cette histoire m'intéressait comme manifestation de la pensée magique qui, au-delà de toute pensée rationnelle, réunit la cause et l'effet. Mais j'étais essentiellement attiré par les liens intangibles que tisse la relation entre le mythe et ceux qui le poursuivent. Entre Evita et ceux qui la croient inaccessible et en même temps la sentent comme étant l’une des leurs, car elle a su, en leur nom à tous, accéder à la gloire. J'ai abandonné le scénario, comme tant d'autres, mais lorsque quelques années plus tard, en mars 2004, Diego Armando Maradona s'est fait hospitaliser après une crise cardiaque à la clinique Suisse-Argentine, ce phénomène d'adhésion quasi religieuse s'est en quelque sorte reproduit. J'ai alors repris l'histoire des bûcherons, en l'arrangeant... L'histoire est ainsi devenue celle de Tati Benítez, coupeur d'arbres, un peu moins naïf que les prédécedents bûcherons. Pour Tati, rencontrer Diego Maradona, l'approcher, et pourquoi pas se faire prendre en photo à ses côtés, devient son unique désir. Il porte aussi en lui, de manière confuse, l'idée que lorsqu'il l'aura approché, son existence pourra devenir meilleure. Il entreprend le voyage, chargé de tous ces rêves. Le chemin de Tati Benítez, qui suit la route 14, traversant des régions d'une grande pauvreté, est plein de désespérance mais également d'illusions. À la fin du générique, vous verrez la phrase “Ecrit et réalisé par Carlos Sorín”. Mais ce n'est qu'une formule, juste parce qu'il faut mettre quelque chose au générique. En vérité, le film n'a pas été totalement écrit par moi. Je n'assume que le rôle d'auteur, quand dans la solitude, face à mon ordinateur, je passe des semaines à monter, essayant de trouver le fil conducteur de ce puzzle de prises possibles. Même si je m'efforce de conserver la structure narrative travaillée dans le scénario original, je me rends compte que ce que l'on voit au final dans le film est le produit de cette hasardeuse dynamique d'événements qui se met en route lorsque le tournage démarre. Parce que mes tournages sont dynamiques et, par là-même, chaotiques. J'ai bien souvent l'impression d'être embarqué sur des rapides, sur un bateau sans rames. Je travaille une nouvelle fois avec des non-acteurs. En dehors de mon indiscutable tendance à me compliquer la vie en le faisant, je poursuis, de cette manière, le même objectif que dans mes précédents films : trouver cet instant -- au-delà de la simulation que suppose toujours une fiction -- dans lequel le film est vraiment proche du réel. Sans acteurs dans le sens littéral du terme, il n'y a plus à parler de réalisateur ou de techniques de direction. Mon rôle revient plutôt à encourager ce qui se produit dans la scène et à l'enregistrer inlassablement, répétant jusqu'à épuisement certaines d'entre elles, avec l'espoir qu'à un certain moment les personnes et les personnages coïncident, se complètent, laissant ainsi apparaître quelque chose de miraculeux, en lien avec la vérité, avec la réalité, quelque chose que l'on ne peut plus reproduire. J'essaye de bâtir mes films avec ces instants-là. Ce n'est peut-être qu'une illusion, parce que la “réalité” est la “réalité” et qu'essayer de la capturer de façon systématique transforme le métier de la filmer en une bataille perdue d'avance. Mais dans ce cas-là, je n'aurai fait que raconter une histoire.

 

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